samedi 29 février 2020

Dendro Habitats le 29 février 2020 Cerisy la Forêt

Dendro Habitats le 29 Février 2020 en Forêt de Cerisy
Introduction
Le feuillage des arbres est bien connu pour offrir un abri aux oiseaux, écureuils et autres espèces aisément observables. Mais les arbres recèlent, sur le tronc et les branches, une foule d’autres structures, de taille souvent modeste, qui fournissent abri, nourriture ou lieu de reproduction à une grande diversité d’espèces parmi les animaux, les végétaux ou les champignons. Ces milieux de vie de petite taille portés par les arbres sont appelés «dendro-micro habitats ». Dendro signifie arbre (racine grecque) et couplé avec microhabitat désigne tout ce qui vit sur un arbre c.à.d. ce qui ne touche pas terre
RDV samedi 29 février 14h00 sous les halles de Cerisy la Foret pour partir ensuite vers le Bois l'Abbé.
Dans le bois On restera en groupe et on parcourra une parcelle. A l'aide d'une grille d'exemple on essayera de décrire les arbres qui ont des défauts.
Le Bois l'Abbé (200 ha), situé au nord de la forêt sur Cerisy-la-Forêt
Conseil : Météo mitigée + Coup de vent prévu... apporter vos jumelles et bottes svp…
Référent : Sébastien
Et nombreux participants :
Marie-Jo, Karin et Lucien, Muriel et Françoise, Anne-Marie, Dominique D, Véronique + Maurice, Patrick, Odile, Bernard et Françoise, Hugues, Dominique T, Alexis, Arnold, Agnès G , Célian, Loïc, Claire, Pascal, Arnold, Germain, Louise, Vincent et Léonard = 28 personnes au total.

Au point de R.V., place du marché à Cerisy la Forêt, les retrouvailles chaleureuses de la première sortie 2020.

Après un covoiturage au petit parking du Bois L’Abbé, Sébastien prend la parole, Claire délivre un petit message associatif, Célian approuve, admiratif.

Gestion de la forêt
Une bonne gestion de la forêt domaniale (Forêt de Cerisy) nécessite des coupes de bois pour assurer sa pérennité.  Mais, la forêt joue un rôle essentiel pour la conservation de la biodiversité. Le gestionnaire est astreint à  conserver 3 arbres « bio » par hectare, ainsi que des surfaces en  ilots de sénescence (1 à 10 ha par îlots, 120 ha sur l’ensemble de la forêt), selon une directive des services forestiers. Pour ce faire il doit choisir les arbres à sauvegarder, de préférence ceux qui sont le plus susceptibles d’avoir des microhabitats (selon l’âge : 40 cm de diamètre, ½ microhabitat, 70 cm, 4 à 5 microhabitats, et 90 cm et plus, le nombre de microhabitats explose). Les arbres choisis ne devront pas être trop éloignés les uns des autres pour le brassage génétique de la faune.
Arbre habitat Dendromicrohabitat
Un arbre « bio » est un arbre sur pied, vivant ou mort, portant des dendromicrohabitats (DMH) indispensables à de nombreuses espèces parfois très spécialisées d’animaux, de plantes (lierre, liane, mousse, fougère, gui…) de lichens et de champignons. Ces DMH proviennent par exemple d’une blessure (écorce), d’une cassure de branche, d’une cavité (remplie d’eau ou de terre), d’une fente (écoulement de sève), de l’activité de pics et autre oiseaux… Les DMH constituent donc des refuges, des lieux de reproduction, d’hibernation et de nutrition pour de nombreuses espèces d’animaux et de végétaux. Parmi les animaux on peut citer les petits mammifères (écureuils, mulots…) les oiseaux (pics, rapaces…), les arthropodes (mille-pattes, cloportes…), les araignées, les abeilles, les fourmis et les insectes de la famille des coléoptères. On en dénombre environ 2500 taxons spécifiques sur arbres dans les forêts, appelés coléoptères saproxyliques (Taupins, scolytes, longicornes…)
Une espèce saproxylique (du grec sapros, en décomposition et xylos, le bois) réalise tout ou partie de son cycle de vie dans le bois en décomposition, ou des produits de cette décomposition.
Nécessité d’une méthodologie standardisée
Sous l’égide de l’Institut Forestier Européen, des spécialistes de toute l’Europe de l’Ouest ont élaboré un catalogue des dendromicrohabitats qui fournit les bases d’une méthode d’inventaire des arbres-habitats. C’est ce que nous présente Sébastien. Ce catalogue permet de déterminer une valeur des arbres étudiés basée, pour résumer, sur trois principales familles d’accidents ou d’anomalies : les trous, les excroissances et le bois mort. Selon la rareté et la durée de remplacement, les notes de chiffrage sont de 1 à 5 pour chaque défaut observé. Elles totaliseront un score à l’aide de formules qui fera donc la valeur recherchée.
Travaux pratiques
Sous la conduite de Sébastien et à l’aide des documents, notre association se disperse en 3 groupes sur la parcelle n° 1. La bonne méthode d’observation : inspecter le pied et le houppier de l’arbre en faisant un premier tour pour observer la partie inférieure et s’éloigner légèrement pour sa partie supérieure.
Une des équipes observe attentivement un beau hêtre qui semble d’une taille suffisante pour en faire un arbre à préserver : là-haut, une cavité, sûrement le refuge d’un oiseau ! A côté une belle fourche dans le houppier ! Sur le tronc on aperçoit de la mousse,  du lichen et une large fente intéressante pour les micro-habitats…on note…

Suivi d’un chêne de belle hauteur avec des nombreux gourmands, brognes…on note…

Chaque équipe se fera un fort de remplir sa tâche comme un professionnel : finaliser en repérant 3 arbres possibles à conserver avec le calcul de leur valeur.
Mais le ciel, nous ayant exceptionnellement laissé tranquille presque 2 heures, en cette période de mauvais temps, nous rappelle à l’ordre avec une pluie froide, vers 17 h 30.
 

Dernier conseil documentaire, un petit Guide de poche des dendro-microhabitats bien pratique pour ceux qui veulent mémoriser les connaissances et faire un petit inventaire dans les bois (DGE Forêt CNPF Dynafor) sur Internet notamment.



C’est, peu après, un repli stratégique au café de Cerisy la Forêt, nous partagerons quelques bons gâteaux (Le cake au citron délicieux de Véro qui vaut celui de Cherbourg !) et nous consommerons une boisson réconfortante tout en bavardant amicalement.
Conclusion : Une bien belle sortie associative que nous devons à l’initiative de Sébastien (Merci bien Séb. On ne regardera plus les vieux arbres de la même manière maintenant). La forêt est bien une source de découvertes intéressantes et d’enseignement inépuisable.

samedi 15 février 2020

18 ème atelier restauration herbier Cherbourg 15/02/2020


18ème atelier de restauration de l’herbier de Corbière au Muséum d’Histoire Naturelle de Cherbourg
 Samedi 15 février 2020

Les présents et sympathisants de l’association « Les Curieux de Nature » : Karin, Lucien, Françoise G, Muriel, Mélusine, Isabelle, Dominique D, Agnès, Rémy, Véronique C, Dominique T. Ninie , et Nicolas (Jardinier du Bessin) En tout, 13 participants, un nombre modeste de personnes, mais des bénévoles bien motivés pour cette 1ère restauration de l’année.
De la Société nationale des Sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg : Francis, Patrick et Philippe.



Comme à l’accoutumée, certains voyageurs prennent le bus du petit matin, à 7 h 38, gare de Saint-Lô, d’autres pratiquent du covoiturage, d’autres encore utilisent le train au tarif individuel un peu coûteux malheureusement, mais pour tous la nuit a été courte, la prochaine sera meilleure ce soir.
Et nous voilà arrivés, heureux, par un temps extrêmement favorable pour un Normand, donc simplement sans pluie, à la Société des Sciences, accueillis toujours chaleureusement par Francis (merci encore à lui pour le café chaud et les petits accompagnements gourmands réconfortants, chocolats, financiers…).

Le « comité d’accueil » (en partie seulement, mais la tâche ne nous fait pas peur, on en a vu d’autres !)

Après ce petit réconfort, notre association se met rapidement à l’ouvrage, comme d’habitude, bien équipée du petit matériel préparé soigneusement par notre ami Francis. Il a sûrement fallu un gros travail de préparation, on ne le répétera jamais assez, car les cansons étiquetés « Herbarium Coriovallensis » avec les calques protecteurs  nous attendaient bien posés sur les tables allongées du Muséum, protégées d’une nappe papier blanche.
En rappel de précisions, les herbiers de Cherbourg sont basés essentiellement sur les collections des deux botanistes normands : Auguste Le Jolis et Louis Corbière. Selon Marc Pignal, les feuilles de papier support des herbiers conservés au muséum d’histoire naturelle de Cherbourg sont estimés au nombre de 200 000 pièces compris les mousses et les lichens. La restauration faite jusqu’à ce jour est d’environ 50 000 pièces, essentiellement avec l’herbier de Corbière. Il reste encore l’important herbier « Le Jolis » qui serait en moins bon état.
Marc Pignal, qui nous rend visite à Cherbourg,  est botaniste. Il a été responsable de l’herbier national à Paris. Il a étudié sur le terrain la flore de Guyane et du Brésil, mais aussi des Comores et de Nouvelle-Calédonie. Il est actuellement chargé de mission au MNHN (Muséum National d’Histoire Naturel), dirige des programmes liés à la numérisation des collections, comme le projet franco-brésilien REFLORA ou l’infrastructure bio santé e-ReColNat.
En ce qui concerne notre association, et notre contribution, nous avons noté, (avec le comptage  de  Francis) fin 2019 (17ème atelier), un cumul de 10 450 pièces restaurées, auxquelles il faut ajouter maintenant 450,  pour le 18ème  atelier de ce jour, ce qui fait un total d’environ 10 900 planches de l’herbier restaurées, au 15 février 2020.
Aujourd’hui, Francis nous présente de très gros dossiers vétustes à sangles de différentes familles de phanérogames que nous attaquons joyeusement et qui sont en plus ou moins bon état.
Voici quelques exemples notés au hasard parmi tant d’autres, un gros travail de classement restant à faire après restauration par notre ami Francis:

Anthyllis maritima Schweigg, Fabaceae, Carteret 16/07/1903. L'Anthyllide vulnéraire est la ou une des plantes hôtes des chenilles des papillons de jour (rhopalocères) de la famille des Lycaenidae.
Rhamnus frangula 19/08/1908  (Bourdaine ou Nerprun)
Erodium moschatum (Bec de Cigogne musqué, Bec-de-grue musqué) Philbert-sur-Risle (Eure) 06/06/1916.
Astragalus glycyphyllos L. / Astragale à feuilles de Réglisse (Sainte Mère Eglise 27/07/1916). Ses fleurs et surtout ses feuilles renferment de la glycyrrhizine, substance qui donne à la racine de réglisse son goût caractéristique.
Poterium sanguisorba, petite pimprenelle, notée ici Poterium dictylocarpium forma hirsuta,  Martinvast, talus de la voie ferrée, 27/06/1892

Les Curieux font des miracles de très vielles planches dégradées, ils en sortent des chefs-d’œuvre telle celle-ci-dessus présentée par Véronique ci-dessus (félicitation) !
Cependant et malgré tout, un tri de  sélection devra être souvent effectué en raison de l’abondance du prélèvement de certains taxons, On ne gardera que les plus beaux spécimens.

Noter aussi cette espèce Spartina x townsendii H & J.Grooves, Brévands (Manche),  27/09/1906, collectée en grand nombre et annotée ici : espèce nouvelle pour la Manche, devenue plante envahissante (Zones humides du littoral) !
Parmi les trésors de botanique de Cherbourg, il nous est impossible de ne pas jeter un œil quelquefois sur ce qui a permis la conservation, comme les journaux d’époque avec, rien ne change dans ce monde, les crimes, les catastrophes, les vols, les morts, etc… des nouvelles « fraîches » croustillantes et passionnantes…
L’ami Nicolas, botaniste (Les Jardiniers du Bessin), nous permet aussi d’avoir de temps en temps des précisions sur certaines plantes de l’herbier qui nous paraissent curieuses, merci à lui d’être venu.

Attention midi et demi Club Dinette :

Bien manger, bien boire,  pour bien aborder l’après-midi telle est notre devise ! This is our motto (In english) ! Telle est votre denise comme disent si bien les Dupont(d) dans Tintin !
Au retour au muséum, un bon petit café nous attend pour se mettre en forme et garder l’esprit clair.
L’après-midi se déroulera à l’image de ce matin à la fois studieux et plaisant.

Et ça se voit, n’est-ce pas Ninie ?
Patrick vient nous présenter sa dernière parution fort intéressante sur les sphinx du Gabon, un ouvrage qui a du représenter pas mal de travail et qui sera très utile aux lépidoptéristes de ce pays, et même à l’international, car il n’existait pas encore de guide aussi complet sur cette famille, nous sommes fiers d’en avoir fait connaissance.

On est bien à Cherbourg, non ?
Voici encore quelques exemples :
Hypecoum procumbens (Linné) Le Cumin couché, plante méditerranéenne, Toulon le 08/04/1870, akènes récupérés par nos soins : capsules redressées, comprimées, arquées, formées d'articles nombreux.
Papaver argemone (Le Pavot argémone ou Coquelicot argémone)  espèce de la famille des Papaveracées, Portbail le 06/06/1890.
Ranunculus sceleratus L. Renoncule scélérate, ou renoncule à feuilles de céleri, Manche, 30/05/1892. La plante était connue au Moyen Âge comme « céleri du rire » car son ingestion provoquait un rictus sur le visage de la personne empoisonnée !
Ficaria grandiflora (Ficaire à grandes fleurs), Toulon 1901
Alsine hybride ou (Minuartia hybrida) sables maritimes, Carteret, 31/05/1888.
Arenaria leptoclados (Sabline à parois fines, Sabline grêle), Solliès-Toucas, Var, 14/06/1891
Honckenya peploides, (Linné) , Luc sur mer, 13/07/1916, appelée communément Pourpier de mer, est une plante vivace de la famille des Caryophyllacées qui pousse sur le littoral atlantique et de la Manche.

Jolie plante bien conservée, Potentille fausse Alchémille,  Potentilla alchemilloides Lapeyr. Plante vivace de 10-30 cm Col de Portes à 1500 m, Jura, 08/08/1899.
Et le travail de restauration s’effectuera à plein temps et à un bon rythme jusqu’à 17 heures. Nous laisserons une place nette et Francis après notre passage devra encore faire un grand tri pour grouper les planches restaurées par famille avant de les mettre en boites dument étiquetées, comme ci-dessous :

Puis les expédier en cartons afin d’être scannées par la société Picturae à Saint Jean de Vedas (vers Montpellier) avec bordereau de transmission, et ainsi contribuer à enrichir l’herbier national de l’Infrastructure RECOLNAT  (e-ReColNat met à disposition des collections naturalistes numérisées. Ce laboratoire virtuel permet de découvrir les collections, de les augmenter, de les partager et de les enrichir.)


C’est avec une grande satisfaction que les usagers (trempés et aérés) du car Maneo ont, après le travail, retrouvé enfin le climat « sain et humide » qui leur a manqué à l’aller bien trop sec, dans cette belle ville de Cherbourg, patrie du parapluie de luxe français.

Il est très probable que nous nous retrouverons en automne pour une autre rencontre « amicale utile et botanique ».