A la découverte du Mont Doville
et du marais de la Sangsurière (biodiversité d’une tourbière)
dimanche 20 juin 2021
Seulement quatre Curieux sont au rendez-vous à 10h30 au Mont Doville. En attendant le reste de la troupe, ils explorent la végétation de cette sorte de “mont Chauve”, le long d’un chemin qui les mène vers un corps de garde et un ancien moulin. Les ajoncs encore fleuris et les bruyères donnent de belles couleurs au sentier. On y trouve Erica cinerea, qui aime les milieux secs, mais aussi Erica tetralix qui d’ordinaire affectionne les milieux humides : reconnaissable à sa couleur plus pâle que la bruyère cendrée et à ses feuilles "verticillées" qui lui donnent le nom vernaculaire de bruyère à 4 angles (les feuilles forment comme des petites couronnes de 4 feuilles autour de la tige).
Les oiseaux égayent la promenade : une occasion de réviser ou d’apprendre de nouveaux chants. Par exemple, le Bruant Jaune, vraiment sympa car facile à voir, avec son beau plumage jaune vif. Du haut de son poste d’observation, il nous séduit de sa finale par une note appuyée : tsitsitsitsitsi thîh !
Au loin un Grand Corbeau vole au-dessus d’une carrière industrielle, qui occupe la partie nord du Mont.
Une petite heure plus tard, parviennent enfin deux observatrices Curieuses, quelque peu égarées dans les divers hameaux qui cernent le Mont Doville. Heureuses retardataires cependant, qui découvrent d’un coup le panorama offert par le mont, du haut de ses… 130 mètres : au sud, le havre de Saint-Germain-sur-Ay ; à l’ouest, les îles des Ecrehous et de Jersey, ainsi que le havre de Portbail ; au nord, les haies bocagères, encore nombreuses, qui donnent une impression de bois denses et touffus ; au nord-est, en direction de la baie des Veys, le marais du Cotentin, vaste étendue plane, sans haie ; et, à l’est, l’inquiétant mont d’Etenclin, habité, dit-on, par les esprits malins. Le prêtre écrivain du Cotentin, Louis Costel, relate dans Et ils croyaient brûler le diable, des messes noires et des rites sabbatiques qui aboutirent ici au dernier grand procès en sorcellerie du XVII siècle.
Voici l’heure du repas et… les retardataires. Le pique-nique, toujours aussi convivial, n’offre pas pour une fois une ronde de desserts, mais permet de déguster un magnifique plateau de fromages ... arrosé d’un mystérieux Gänsewein.
La petite équipe part ensuite découvrir le marais de la Sangsurière où les usages agricoles, comme la fauche et le pâturage, pérennisent l’existence des prairies tourbeuses où s’accumulèrent durant des siècles des végétaux en décomposition, dans un sol saturé d’une eau indiscernable.
Les layons sont parfois hostiles au cheminement : la molinie forme des touradons qui rendent le terrain accidenté. Ici : une Curieuse s’enfonce jusqu’au genou ; là : un Curieux glisse et se retrouve à terre. Et si l’on s’avise de sauter sur place, le sol se met à trembler !
Anecdotes vite oubliées, car rien n’arrête les valeureux Curieux de Nature ! Les voici face à l’élégance de l’épipactis des marais, envoutés du parfum de Pyrica gale (appelé aussi bois sent-bon, ou encore piment royal), subjugués par le sublime Comaret, par la “rosée du soleil” ou encore la beauté de la Narthécie des marais.
Comarum palustre préfère les lieux les plus humides
Rosée du soleil,
Drosera rotundifolia s’installe sur la sphaigne (un coussin de mousses) et récupère l’azote en digérant De petits insectes qu’elle a comme attrapés par ses “pièges à glu”.
Drosera intermedia
Narthecium ossifragum, autrement appelé brise-os
Natrix natrix, couleuvre à collier
Que cherchent-ils? Ces plantes sont bien petites, bien cachées.
Schoenus nigricans. Peu appétissants pour le bétail, les joncs étaient utilisés pour les liens et les litières.
Les Cumulus et Stratocumulus offrent une alternance d’ombres et de lumières sur les marais.
Meteosat 16h10
Un grand merci à Anne-Marie.
Merci aussi aux photographes : Anne-Marie, Françoise et Marie-Jo.
Hélène
Flore
Calluna vulgaris Callune fausse-bruyère
Erica cinerea Bruyère cendrée
E. tetralix B. à quatre angles
Cirsium dissectum Cirse des anglais
Cirsium palustre Cirse des marais
Dactylorhiza maculata Orchis tacheté
Epipactis palustris Epipactis des marais
Narthecium ossifragum Narthécie des marais, Brise-os
Myrica gale Bois sent-bon, piment royal
Potentilla erecta Tormentille
Comarum palustre Comaret
Ulex minor Ajonc nain
U. europeus A. d’Europe
Sarothamnus scoparius Genêt à balais
Vicia Cracca Vesce en épis
Drosera rotundifolia D. à feuille ronde
Drosera intermedia D. intermédiaire
Cladium mariscus Marisque
Eriophorum sp. Linaigrette, Coton des marais
Hypericacée elodes Millepertuis des marais
Hydrocolyle vulgaris Ecuelle d’eau
Wahlenbergia hederacea
Ranunculus flammula Petite douve
Amagallis tenella Mouron délicat
Pinguicula lusitanica Grassette du Portugal
Digitalis purpura Digitale pourpre
Pedicularis palustris Pediculaire des marais
P. sylvatica P. des bois
Polygala serpyllifolia Polygale à feuille de serpolet
Cuscuta epithymum Cuscute du thym
Molinia coerulea Molinie
Schoenus nigricans Choin noirâtre
Equisetum sp. Prêle
Galium sp. Gaillet
Insectes
Aglais urticae La Petite tortue
Lymantria dispar Bombyx disparate (chenille)
Maniola jurtina Myrtil
Noctua pronuba
Rivula sericealis Soyeuse
Vanessa atalanta Vulcain
Cicadella viridis Cicadelle verte
Coreus marginatus Corée marginée
Coccidula rufa
Tytthaspis sedecimpunctata
Cryptocephalus vittatus
Gryllus campestris Grillon champêtre
Calopteryx splendens Caloptéryx éclatant
Libellula fulva Libellule fauve
Orthetrum cancellatum
Platycnemis pennipes Agrion à larges pattes
Rhaphigaster nebulosa punaise nébuleuse
Stethophyma grossum Criquet ensanglanté
Oiseaux
alouette des champs
bruant jaune
buse variable
cigogne
cisticole des joncs
courlis cendré
fauvette des jardins
grand corbeau
grive musicienne
héron garde-boeuf
linotte mélodieuse
pinson des arbres
pipit des arbres
pouillot véloce
tarier pâtre
Et aussi
Agelena labyrinthica
Vipère péliade
Couleuvre à collier
Grenouille rousse
Grenouille verte
