samedi 12 novembre 2011

Visite du musée de Vire. Exposition "les botanistes de Vire du 19e siècle. 12-11-2011

A découvrir en même temps : les vieux métiers, costumes et meubles normands, et les œuvres du peintre Charles Léandre.
Organisateurs Claire et Jacques sur une idée de Françoise et Muriel.

Notre association se diversifie dans ses sorties et la recherche de nouvelle thématique nous pousse aujourd’hui à visiter le musée de Vire. Le rendez-vous est donné à 10 heures 30 devant l’ancien local du Fayard de Saint-Lô, maintenant Office de Tourisme, quai de la tangue, où, un covoiturage est organisé, du moins pour les adhérents de la région saint-loise : Claire, Dominique (T), Dominique (D), Joëlle, Claude, Lili et Francis (de Cherbourg).
En complément de la visite du musée de Vire, Jacques nous a suggéré quelques jours auparavant, de profiter du déplacement pour voir l’arbre remarquable d’Estry, ville proche de Vire, ce qui est une très bonne suggestion et, les Curieux s’y rendent et retrouvent l’agréable compagnie de Jacques, Armelle, Anick et Gérard.
L’if d’Estry, (Taxus baccata), estimé entre 1400 et 1800 ans, c.à.d. planté à l’époque mérovingienne ou carolingienne, 11,55 mètres de circonférence (mesuré en 2000 à 1 mètre du sol). C’est un miraculé : En 1944, avec les bombardements, il a failli disparaître. Il est référencé dans l’ouvrage de Gadeau de Kerville sur les Ifs remarquables de Normandie. L’intérieur de l’arbre est creux, on pourrait se tenir à plus de dix personnes. En effet dans les arbres, les vaisseaux conducteurs de sève sont situés sous l’écorce au niveau de l’aubier, ils sont mis en place par le cambium (couche de cellules vivantes). Le bois situé plus vers le centre soutien l’arbre. L’if produit des fruits appelés arilles (graine). La pulpe autour de la graine est comestible. La graine contient une substance, le taxol, ainsi que tout le reste de l’arbre (poison violent). Cette substance servait autrefois à soigner les cancers du sein et des ovaires, les leucémies, en particulier, en empêchant la multiplication des cellules. Actuellement, seul un taxol de synthèse est utilisé.
Notre ami Gérard, en complément de la visite nous offre un petit cours de géologie, fort intéressant, en détaillant les pierres de l’église : granodiorites et grès (roche sédimentaire formée de grain de quartz cimentés entre eux) qui contient des éléments de plus grande taille (ce qui fait de ce grès un conglomérat) de forme arrondie (ce qui fait de ce conglomérat un poudingue). Ici les éléments arrondis sont des morceaux de quartz blancs).
Les estomacs crient famine, on se rend à Vire au restaurant prévu dans le programme.
Dans une très bonne ambiance, pizzas diverses et « à l’andouille de Vire » rassasient l’assemblée. Cidre et rosé l’abreuvent.
Tout juste le temps d’avaler un petit dessert (aïe, aïe, aïe) et de boire en vitesse un petit express, et hop, il faut déjà se rendre au musée !
Là, nous rencontrons 2 autres sympathiques invités : Marie et Hervé Leclercq, ce qui porte le nombre de « Curieux » à 13, et permet de bénéficier de tarif réduit pour l’entrée du musée.
Abrité dans l’ancien hôtel-Dieu construit au XVIIème siècle, le musée est situé sur la rive gauche de la Vire. Mobilier, costumes et ateliers d’artisans évoquent la vie dans le bocage au XIXème siècle. Une collection de couverts fait le lien avec l’histoire industrielle de la ville. La Normandie romantique est représentée à travers les majestueux panneaux décoratifs de Paul Huet (1803-1869). Le second étage est entièrement consacré au peintre caricaturiste Charles Léandre (1862-1934).
A l’entrée de l’exposition « Les botanistes de Vire au 19ème siècle » quelques plantes exotiques et la « caisse de Ward » sont exposées.
Le médecin londonien Nathaniel Ward met au point en 1830 cette caisse dont le but est de protéger les plantes revenant d’expéditions maritimes. Grace à son étanchéité la protégeant de l’eau salée et des rongeurs, cette invention augmente considérablement la chance pour les plantes d’arriver en bon état à bon port.
Visite de l’exposition :
La Normandie du XIXème siècle est au premier rang des provinces par le nombre de ses botanistes. Parmi eux se distinguent les Virois : René Castel, le poète-savant ; Pierre Turpin, le génial illustrateur admiré de Goethe ; René Lenormand, providence des explorateurs ; Dominique Delisle, félicité par Cuvier pour son étude des lichens…
René Castel, le poète des plantes.
Ils sont avocats, militaires, professeurs…Tous sont fascinés par les combinaisons infinies de la nature. Ils parcourent la campagne et le littoral, collectent, nomment, classent toutes les plantes de l’arbre à l’algue microscopique.
Leur appétit de connaissance dépasse l’étude de la flore de Normandie. Après un voyage en Amérique, Turpin (1775-1840) se fait connaître à Paris comme le meilleur portraitiste des plantes du nouveau continent. Il est sollicité par d’éminents naturalistes, pressés d’exposer aux yeux de la communauté savante leurs splendides découvertes.
Illustration en couleur de Turpin.
Sans quitter son cabinet de travail, Lenormand (1796-1871) explore les richesses de la planète. Respecté par tous les savants européens, son herbier est « un centre d’attraction pour les richesses végétales de toutes les contrées du globe ». Des algues australiennes sont même nommées en son honneur.

Buste de Turpin.
A ne pas oublier aussi, les naturalistes voyageurs comme : Le grand navigateur Jules Dumont d’Urville (né à Condé sur Noireau 1790-1842), le voyageur intrépide Jean-Marie Despréaux (Botaniste à Vire 1795-1843), les chirurgiens de la Marine Emile Deplanche (1824-1875) et Eugène Vieillard (1819-1896) qui partent en Nouvelle-Calédonie.
Les découvertes de ces précurseurs permettent aujourd’hui aux botanistes du Conservatoire national de botanique, de comprendre l’évolution actuelle de la végétation de Normandie.
Parlons un peu de botanique :
La botanique est enseignée à l’université de Caen depuis 1438 en faculté de médecine puis à partir du 19ème siècle en cours de sciences naturelles. Les élèves médecins et apprentis apothicaires disposent d’un jardin botanique à partir de 1689.
Le professeur Lamouroux occupe de 1812 à 1825 la chaire d’Histoire Naturelle de l’Université de Caen et dirige le jardin botanique, plus couramment appelé « Jardin des plantes », où il aime faire ses démonstrations.
Jean-Vincent-Félix Lamouroux (Agen1779, Caen1825) donne un véritable élan à l’algologie. Il divise les algues en 6 familles d’après leur appareil de reproduction, et distingue les algues brunes rouges et vertes. Il décrit de nouveaux genres qui sont aujourd’hui des types (exemple des laminaires), c'est-à-dire des spécimens de référence reconnus sur le plan international.
L’enseignement et la personnalité de Lamouroux marquent profondément toute cette génération de naturalistes virois, ses anciens élèves : René Lenormand, Richard Dubourg d’Isigny, François Joseph Chauvin.
En 1838, la chaire d’Histoire Naturelle est divisée. La zoologie est séparée de la botanique, de la géologie et de la minéralogie confiées à Chauvin. Ce dernier assure également la direction du Jardin des Plantes et la conservation des collections de son cabinet d’histoire naturelle. Il améliore la présentation des herbiers que les dons et les legs de botanistes enrichissent.
Après la seconde guerre mondiale, les herbiers sont déplacés vers la Faculté des sciences de l’Université de Caen. Dans les années 1975, une grande partie est transférée au Muséum de Paris, seule une part du précieux Herbier de Caen demeure actuellement conservée à l’Université : Champignons et lichens, mousses, algues, plantes à fleurs (Flore de Louis Corbière, petit herbier d’Alphonse de Brébisson…)
A noter que les Curieux ont programmé une sortie au Muséum Cherbourg le 3 décembre prochain pour  participer à la restauration de l'herbier de Corbière. D’ores et déjà, ils en sont très fiers.

La dernière salle d’exposition est consacrée à la botanique dans notre belle région de Basse-Normandie. Elle met l’accent sur la diversité, la singularité et la fragilité des espèces qui nous entourent : la flore littorale, les plantes des rochers, des falaises et des murs, les landes et les tourbières. Sont cités en exemple : La pyrole des dunes, le séneçon blanchâtre, l’orpin paniculé, la spargoute printanière, et pour les landes et tourbières : La bruyère ciliée, la gentiane pneumonanthe, le lycopode en massue, le canneberge et l’utriculaire citrine (plante carnivore). Toutes ces plantes rares font la fierté de nos botanistes.
Fin de la visite sur les botanistes du 19ème siècle,  un petit film sur la recherche actuelle des arbres et des plantes dans la forêt vierge par de jeunes botanistes passionnés, et classification de celles-ci avec recherche de leur ADN.
Suite de la visite du musée :
Mobilier de la région viroise.
Très belle armoire normande à 4 portes (armoire de laiterie) 
Belle collection de clés des 16 /17ème siècles.

Au 2ème étage collection Charles Léandre :
Né à Champsecret dans l’Orne, Charles Léandre manifeste très jeune un talent de dessinateur. Arrivé à Paris à l’âge de 16 ans, il est accepté peu après à l’Ecole des Beaux-arts. Puis il intègre une nouvelle revue illustrée : Le Rire. Le peintre académique se mue alors en un féroce caricaturiste.
La ville de Vire a acquit depuis 1968 les œuvres de l’artiste : 225 œuvres et objets sont propriété du musée.
Autoportrait de l’artiste, et quelques unes de ses extraordinaires œuvres :
Pastel romantique.
Huiles figuratives très réalistes.
Caricatures de Léandre.
Les Curieux seraient bien restés encore un peu tant le musée est riche et intéressant mais il faut bien respecter les horaires et c’est à 18 heures que les au-revoir ont lieu.
Mais en sortant par le jardin du musée, un petit groupe « d’irréductibles gaulois » proposent un petit supplément : voir les ruines du vieux château de Vire construit sur un éperon de granodiorite en plein centre ville. (Ah la, la, les Curieux ont du mal à se quitter !)
Ce qui reste de la tour du château.
De nouveau, notre professeur Gérard nous fait un petit cours de géologie (mais on aime bien ça !)
La partie ouest de la Basse-Normandie qui fait partie du massif armoricain, a été affectée par la formation de deux chaînes de montagnes, la première à la fin du Précambrien, il y a environ 542 millions d’années : la chaîne cadomienne (de cadomus, nom latin de Caen), la seconde datée d’environ 300-310 millions d’années : chaîne varisque (hercynienne), a très certainement dépassé 4000 mètres de hauteur, ce qui parait incroyable.
Le massif du château est composé de granite et de cornéenne (Schiste compressé et chauffé extrêmement solide). On peut facilement voir les limites très irrégulières de ces deux roches (Voir photo ci-dessus).
Pour conclure, de l’avis général, cette visite rompt avec les sorties natures habituelles et ouvrent d’autres horizons.
Merci à tous les organisateurs de cette belle et originale journée. Les participants ont  largement apprécié et sont prêts à découvrir encore d’autres  expositions ou musées pour leur plaisir et leur enrichissement personnel.